Marché des engrais La guerre fait peser une forte incertitude sur le prix des engrais (AGPB)
Nicolas Ferenczi, Head of Economics and International Affairs à l’AGPB, revient sur le marché des engrais, marqué en 2021 et 2002 par une flambée inédite des cours catalysée par la guerre en Ukraine. Celle-ci demeure source d’incertitude pour l’évolution des prix, actuellement orientés à la baisse. L’expert interviendra sur ce sujet lors de Paris Grain Conference, les 26 et 27 janvier.
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Quels sont les plus gros obstacles auxquels a été confronté le marché des engrais au cours des 24 derniers mois ?
Ces derniers 24 mois ont vu s’opérer des perturbations sans précédent du marché mondial des engrais, avec l’Europe au cœur de la tourmente. En tant que consommateurs d’engrais, nous avons dû analyser ce qui se passait et pourquoi – ce n’est pas le marché le plus transparent –, puis tenter de convaincre les acteurs économiques et politiques de réagir en conséquence.
La demande mondiale a subi un choc en 2021 et 2022, et les opérateurs ont dû décider s’il fallait attendre que cela passe ou acheter et maîtriser les risques liés aux prix. En 2022-23, nous sommes confrontés à un choc de la demande dû à la guerre en Ukraine, et la difficulté, en Europe, était de trouver des sources alternatives d'importation d’engrais et des solutions logistiques.
Quelles sont les bonnes nouvelles actuelles sur le marché ?
Les prix mondiaux du gaz, de l’ammoniac et de l’azote – bien qu’ils restent très élevés – suivent une tendance à la baisse depuis les sommets atteints l’été dernier. Néanmoins, la guerre en Ukraine est un facteur hautement imprévisible qui joue non seulement sur l’offre mondiale, mais également sur les itinéraires d’acheminement et la structure des échanges d’engrais.
One last chart for 2022, illustrating what a crazy year it's been for #fertilizer prices pic.twitter.com/YF7Kt2BwYe
— Fertilizer Week (@FertilizerWeek1) December 31, 2022
Quelles seront les conséquences de la hausse des prix sur la demande d’engrais et la productivité ?
Les conséquences sont nombreuses, puisque les agriculteurs ont réagi à la hausse des prix et au risque de pénurie d’engrais en adaptant la rotation des cultures, les types d’engrais et les rythmes d’utilisation. La chute de la demande est d’ores et déjà présente en Europe, où l’on a constaté un plus faible recours aux nutriments N, P et K au printemps 2022, ce qui risque d’empirer au printemps prochain.
En fonction des conditions météorologiques, cela pourrait avoir un impact négatif sur la qualité et les volumes des récoltes européennes en 2023. À moyen terme, on espère que cela contribuera à accélérer le développement et l’adoption de technologies qui permettent une exploitation plus efficiente des engrais minéraux.
Cela concerne l’agronomie – par exemple avec des couvertures d’engrais vert et une utilisation d’engrais, des outils d’aide à la décision, un épandage de précision, des inhibiteurs, des sources biologiques – ainsi que l’amélioration génétique des plantes cultivées.
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